L'art au coeur du vivant Exposition Mémoire
La Galerie MAM et le Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA proposent quatre œuvres de leurs collections mettant en résonance la mémoire de l’esclavage éclairant ainsi nos conditions actuelles et nos défis à venir.
Du 4 au 25 octobre aux Avant-Postes (Théâtre La Lucarne) à Bordeaux. Entrée libre et gratuite.
Inauguration le 4 octobre à 18h, en présence de l’artiste Alexis Peskine, suivi d’un pot convivial. Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles.
En prolongement de l’inauguration de l’exposition, ne manquez pas la causerie “Quel avenir pour le patrimoine culturel africain ?” le 4 octobre à 19h aux Avant-Postes.
Cette œuvre est une allégorie, elle représente le paysage de l’île Nicholls située à une centaine de mètres au large de Bimbia, dans le Sud-Ouest du Cameroun. Bimbia, aujourd’hui monument historique, a servi de port d’embarquement pour les esclaves capturés sur la côte camerounaise. Ces malheureux étaient emprisonnés dans des cases à esclaves avant d’être transportés en pirogue depuis le port négrier Bimbia jusqu’à l’île Nicholls, où la profondeur de la mer permettait aux navires négriers d’accoster. Les esclaves étaient parqués là jusqu’à l’arrivée des navires qui les transporteraient vers l’indicible… Alexis fait une analogie entre les chaînes de l’esclavage et les clous qui transpercent les visages.
Galerie MAM
Cette oeuvre témoigne d’un objet et d’un sujet. Un siège, objet usuel, et une femme, sujet, nommée Elisa Baya. L’objet et le sujet deviennent un pour exprimer les conséquences de la traite négrière et de l’esclavage. Des femmes et des hommes déporté·e·s, réduit·e·s à des fonctionnalités, sujet·te·s à la domination. Des objets, ancrés dans la société, dans ses rites et rituels, pillés et déracinés de leurs lieux de socialisation.
Galerie MAM
There’s Only So Much A Neck Can Carry est la première tapisserie en noir et blanc conçue par l’artiste qui préfigure la série en couleurs développée depuis. Le titre reprend un proverbe qui fait le constat qu’un cou ne peut pas tout supporter… tout en supportant déjà beaucoup. Cette œuvre intègre une photographie et des motifs qui représentent un bracelet en spirale, un collier et un penny britannique du XIXe siècle. L’artiste a choisi des artefacts dont les fonctions ont muté : un bracelet de bronze peut devenir une unité d’échange monétaire, tout comme une arme être utilisée comme accessoire de prestige. Otobong Nkanga fait ainsi allusion aux relations complexes entre ces territoires du fait des rapports commerciaux, de pouvoir et d’influence ; le cou devient la mesure du poids engendré par ces pressions. La fonctionnalité de ces objets tant usuels que décoratifs rappelle l’exploitation toujours actuelle des humains, des ressources et des biens.
2011-2012, collection Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA © Otobong Nkanga. Crédit photographique : Jean-Christophe Garcia
Mélas de Saturne est un film qui explore la mélancolie de mélas « noir, sombre, trouble » – comme une force génératrice déployée sur (les) Internet(s). Entremêlant réflexions sur la mythologie, la cosmologie et la science, Mélas de Saturne projette le·la spectateur·rice dans un territoire virtuel aux confluences des abysses et du darknet, lieu où un personnage fictif du nom de « Persona » se lance dans un voyage initiatique à la recherche d’origines algorithmiques, dont les premiers indices pourraient bien être trouvés parmi le peuple méta vivant dans le nord-est du Cameroun.
2020, collection Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA
Alexis Peskine est un artiste né à Paris en 1979. Il vit et travaille entre Paris principalement, Salvador, Dakar et New York.
Il termine ses études en 2005 avec un double cursus, en France et aux Etats-Unis. Il est sorti major de la prestigieuse université Hovard section peinture et photographie, puis s’est spécialisé en numérique à Baltimore au Maryland Institute College of art.
Les œuvres d’Alexis Peskine sont des portraits à grande échelle de la diaspora africaine, réalisés en enfonçant des clous de différents calibres, avec une précision extrême, dans du bois teinté de café et de boue. En appliquant des feuilles d’or sur les clous, il crée des images composites à couper le souffle. Il dépeint des personnages qui incarnent la force et la persévérance, avec une énergie qui rappelle celle des “figures de pouvoir” Minkisi du bassin du Congo, chargées de spiritualité. Il réalise également des photographies et des vidéos saisissantes.
Dès 2006 des expositions personnelles lui sont consacrées. Alexis Peskine a exposé à la Galerie MAM, Douala (2022), October Gallery, Londres (2020, 2017) ; Espaço Luanda Arte, Luanda (2019) ; Institut Français, Dakar, Senegal (2016) ; The Devon House Mansion, Kingston, Jamaica (2015) ; SLP Gallery, University of San Diego (2014) ; Galerie BE Espace, Paris (2013) ; Zidoun- Bossuyt Gallery, Luxembourg (2011) ; Essie Green Gallery, New York (2010) ; N’Namdi Center for Contemporary Art, Detroit (2008) ; Museum of Contemporary African Diasporan Arts (MoCADA), New York (2007)
Il a aussi participé à de nombreux expositions collectives et événements internationaux tels que Art X Lagos, Lagos (2022) , 1:54, Londres (2021) ; The Naughton Gallery, Queens, Belfast (2021) ; Somerset House, Londres (2019) ; Abu Dhabi Art Fair (2019) ; AKAA, Paris (2019 – 2017) ; Museum of Contemporary Photography, Chicago (2018) ; Cantieri Culturali alla Zisa, Palermo (2018) ; Lowe Art Museum, University of Miami (2017) ; Frieze New York (2017) ; Cape Town Art Fair (2017) ; Dak’art (2016) ; Prizm Art Fair, Miami (2015) ; Biennale Internationale de Casablanca (2014, 2012) ; Rencontres d’Arles (2010).
Entre 2021 et 2022, il effectue deux résidences artistiques à la Fondation MAM, au cours desquelles auront été produites les œuvres « Bimbia » et « Elisa Baya la vie, la nature et l’art ».
Alexis Peskine est récipiendaire de la bourse Fullbright.
Une exposition à découvrir du 4 au 25 octobre 2024 aux Avant-Postes (Théâtre La Lucarne) à Bordeaux. Entrée libre et gratuite.
Les avant-postes (Théâtre La Lucarne) sont ouverts du mercredi au dimanche de 14h à 19h.
3 rue Beyssac à Bordeaux – Arrêt de tram C et D « Saint-Michel », puis 3 minutes à pied.